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Le potager sur abonnement

vendredi 24 février 2006, par Elisabeth

Un article sur les AMAP dans le Monde :

Le monde a publié un article sur les AMAPs.

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Le potager sur abonnement
LE MONDE | 13.02.06 | 15h24 • Mis à jour le 13.02.06 | 15h24
LA CRAU (Var) ENVOYÉE SPÉCIALE
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Dans la pièce qui sert de magasin à la ferme, la liste des légumes disponibles est inscrite sur un tableau noir : "une botte de blettes, une botte de céleris, une de radis, de la coriandre, du persil, un chou, des fenouils, des navets, des poireaux et une frisée". "Tiens, cette semaine, on a des radis et un chou", commente Alain. Cet habitant d’Hyères (Var) vient, comme 40 autres familles, chaque mardi ou chaque vendredi, s’approvisionner en fruits et légumes chez Bernard Augias, maraîcher à La Crau (Var).

Adresses

Siège : 13-15, rue des Petites-Ecuries, 75010 Paris. Tél. : 01-45-23-42-19. Site Internet : www.alliance-idf.ceres91.net

Alliance Rhône-Alpes : 8, quai du Maréchal-Joffre, 69002 Lyon. Tél. : 04-78-37-19-48. Site Internet : www.alliancepec-rhonealpes.org

Alliance Provence-Alpes-Côte d’Azur : 17, rue Daniel-Melchiro, 83000 Toulon. Tél. : 04-94-98-80-00. Site Internet : www.allianceprovence.org

Alliance Midi-Pyrénées : Tél. : 05-62-72-81-13 ou 05-62-16-03-27. Site Internet : www.amapreseau-mp.org
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Depuis six saisons, celui-ci est le fermier exclusif d’un groupe d’habitants de la région regroupés en Association pour le maintien d’une agriculture paysanne (AMAP). Grâce à une rétribution payable en plusieurs fois, ces citadins préfinancent sa récolte, d’hiver ou d’été. En échange, il met à leur disposition chaque semaine un "panier" de fruits et légumes cueillis du jour, pour deux adultes et deux enfants.

Les AMAP sont apparues pour la première fois en France en 2001 (Le Monde du 18 novembre 2004). Cinq ans plus tard, plus de 200 fermes fonctionnent sur ce modèle. Ce système, qui concernait à peine 600 personnes il y a deux ans, approvisionne aujourd’hui près de 24 000 consommateurs français. Fondée sur la solidarité entre les gens des villes et les petits producteurs du monde rural, l’AMAP répond aussi aux préoccupations notamment des professionnels de la santé et des enseignants, qui cherchent à retrouver le goût d’aliments naturels.

Alain, qui préside le groupe des consommateurs liés par un contrat d’engagement au jardin de Bernard Augias pour la récolte automne-hiver 2005-2006, s’est lié d’amitié avec le fermier. Il vient parfois lui "donner un coup de main pour les haricots verts ou quand trop de tomates doivent être ramassées en même temps, comme l’été dernier", raconte-t-il. Avec quelques autres, ils organisent des visites pédagogiques pour les enfants, une réunion à chaque fin de saison et des rencontres avec des petits producteurs de fromages de brebis ou des apiculteurs, amis de Bernard Augias, qui parfois proposent aussi leurs produits. Un carton avec des oeufs ou des pots de miel est alors installé à côté des légumes avec, devant, "la boîte à sous" que les familles remplissent, sans aucune vérification de leur contribution.

DES RIGIDITÉS

Chaque AMAP fonctionne selon 18 principes fondateurs, parmi lesquels : "La production (est) à dimension humaine (...) et respectueuse de la nature et de l’animal (...) ; la proximité géographique est indispensable (...) ; le producteur doit être autonome (...) ; il ne doit pas y avoir d’intermédiaires (...) ; la participation active des consommateurs est favorisée."

"Ce sont ces valeurs qui font l’intérêt de l’engagement", estime Alain. Ni militant ni politiquement engagé, ce comptable savoure au quotidien sa relation avec son "fermier de famille", un gars "bourru (qui) n’aime pas beaucoup parler, mais qui est super, tout entier dédié à ses cultures", dit-il. "J’ai des relations personnelles avec les gens qui viennent chercher leurs légumes, confirme Bernard Augias, c’est comme une petite famille."

"Pour fonctionner, une AMAP a en moyenne besoin de trois bénévoles, explique Laurence Fanget, d’Alliance Provence, qui anime le réseau en Provence-Alpes-Côte d’Azur. Il faut un trésorier pour recueillir les chèques et les donner ensuite à l’agriculteur ; un bénévole les jours de distribution pour noter les présents."

Ce système collectif repose sur un fragile équilibre financier. Ce sont en effet les familles qui fixent le niveau de rémunération de l’agriculteur. Bernard Augias gagne l’équivalent du smic. "On lui a fait une proposition qu’il a acceptée, dit Alain. J’aimerais bien qu’on l’augmente, mais tout le monde n’est pas d’accord, et payer 40 paniers 20 euros chacun pour la saison d’hiver, cela représente déjà un budget important."

M. Augias, lui, affirme que cela lui "va très bien". "Tant que j’ai de quoi manger et un toit sur la tête, partir en vacances aux Maldives, moi, je m’en moque", dit-il. Les agriculteurs candidats à ce système sont souvent endettés. Avec l’AMAP, ils espèrent trouver la solidarité qui leur a souvent fait défaut auparavant. La caution pour le nouveau terrain de Bernard a, par exemple, été payée grâce aux 80 euros versés par chacune des 40 familles.

Pour les consommateurs, le système comporte des rigidités. A certains moments, la nature est moins généreuse, et les paniers semblent presque vides. La famille, habituée à l’opulence urbaine, doit alors être solidaire du fermier qui, s’il s’engage à produire de manière régulière et diversifiée, reste confronté aux aléas du climat. "Parfois on a, comme en ce moment, des blettes pendant cinq semaines, et il faut faire avec", sourit Alain.

Ici, en tout cas, les légumes ont désormais belle allure. Impossible, par exemple, de jeter ceux qui viennent de l’AMAP. "On pense à Bernard plié en deux à les faire pousser, à les bichonner dans sa serre", dit Alain. Ce qui oblige à varier les recettes... et à renouer avec les rythmes imposés par la terre, la pluie et le soleil.

Florence Amalou

Article paru dans l’édition du 14.02.06

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