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Jardins SEL et autres jardins partagés

Compte rendu atelier jardins SEL - Rencontre annuelle des SEL 2008

mardi 10 mars 2015, par Elisabeth

Elisabeth se présente ainsi que son expérience de jardin partagé : elle est maraîchère et a été animatrice d’un jardin pédagogique il y a quelques années (accueil d’écoles et de centres aérés). C’était un terrain municipal de 600 m2 à la campagne avec une partie en verger (à noter que même à la campagne beaucoup d’enfants ne connaissent pas le jardinage). Qui avait envie venait quand il voulait (une dame de 80 ans, qui avait toujours fait son jardin venait apprendre la culture bio !) ; ceux qui connaissaient les techniques apprenaient aux autres.

Les récoltes étaient partagées entre ceux qui les voulaient sans que cela pose de problème (parfois dans les jardins partagés il y a ceux qui travaillent le plus et… ceux qui récoltent le plus… Des tensions naissent alors assez vite…) ; une petite partie des récoltes allait à la cantine de l’école.

Il est nécessaire de bien s’organiser (avoir un plan du jardin sur un tableau : savoir toujours qui a semé quoi, où et quand ?) ; de se retrouver régulièrement pour parler et organiser.

Il y avait 4 ou 5 personnes bien impliquées + environ une douzaine plus occasionnelles.

Partagé = divisé en parcelles ? Ou bien partagé entre tous ?

Sylvie (Saint-Étienne) : « Nous avons un projet dans notre SEL. » Elle nous fait part d’une expérience à Villeneuve/Lot : ne pas cultiver de grandes portions mais commencer petit (en laissant une partie détente).

Christine (Lille) : le but recherché chez eux a été de repérer des terrains abandonnés avec l’aide de la mairie. Finalement il y a eu création des « Ajoncs » (Association des Jardins Ouverts mais Néanmoins Clôturés). Jardins clôturés par la municipalité, jardins collectifs, avec quelques professionnels pour animer ; lieux conviviaux de rencontre, plus que de jardinage ; les récoltes ne sont absolument pas vivrières. Les projets sont différents d’un jardin à l’autre (cf. http://www.ajonc.org/). Chaque jardinier a une clé du jardin et laisse ouvert quand il y est pour expliquer aux curieux. Il n’y a pas d’heures fixes. Un noyau de 4 ou 5 personnes bien impliquées existe dans chaque jardin.

Nicole (Lille) : pour rechercher un terrain, demander à des personnes qui ne veulent plus s’occuper de leur jardin. Et puis il faut trouver des volontaires pour les cultiver. Son projet d’épicerie solidaire, c’est de partager ensuite la production entre le propriétaire, les bénévoles qui y travaillent et des personnes dans le besoin. Négocier entre le propriétaire (à qui on entretient quand même le jardin) et celui qui fait le travail.

Il y a un problème de distance, quand le terrain est prêté par un agriculteur à 15 ou 20 km de la ville…

Il y a le problème de l’eau en ville, qui est trop chère pour arroser un jardin… Il y a des techniques pour économiser l’eau : paillage, BRF (Bois Raméal Fragmenté),…(mais ce n’est pas l’objet de cet atelier, il y a un atelier jardinage de prévu pendant ces rencontres).

Assurances : c’est l’association qui est déclarée.

J.Luc (Finistère) : ils ont fait une tentative de jardin collectif dans leur petit SEL. 4 ans d’expérience.

D’abord 60 m2 avec exclusivement des pommes de terre et des oignons pour que ce soit simple au niveau technique (en effet, chaque légume = une technique différente, plus ou moins compliquée !). Problème rencontré : se retrouver au même moment pour le travail pour des échanges plus conviviaux.
Chacun note son temps passé au jardin dans un cahier, les récoltes sont ensuite partagées au prorata du temps passé (Quelques déceptions sur la quantité de pommes de terre qu’ils avaient au bout du compte !).

La 2ème année il y a eu moins de monde et plus de terrain : 120 m2 (utilisation d’une bâche pour le désherbage du terrain). En plus des pommes de terre et des oignons, ils ont fait des poireaux.

La 3ème année, il n’y a plus que 2 personnes…

Elisabeth : Petit aparté sur le coût réel des légumes

Si une heure = 60 unités SEL pour tous alors on ne peut pas estimer le nombre d’unités d’un kilo de légumes en se basant sur le cours du marché, même bio… Il faut multiplier par 2,5 le prix des légumes bio pour avoir leur coût réel en temps (si on estime que le temps vaut 10 euros de l’heure…). Alors si dans le système monétaire qui est le nôtre, il est difficile de payer les légumes à leur juste prix parce que financièrement on pourrait difficilement le faire (mais on peut compenser en allant donner un coup de main – système AMAP) ; dans le système SEL, chacun peut trouver des solutions pour faire rentrer des unités sur son compte ; alors, c’est vraiment l’endroit où on peut enfin réhabiliter le travail des producteurs et les « payer » au juste prix en unités SEL. (Quelques exemples de montants en unités SEL qui ne « bradent » pas le temps du jardinier – 1 heure = 60 unités SEL : tomate : 50 unités/kg ; courgette : 40 unités/kg ; haricot vert, aubergine, poivron : 100 unités/kg ; blette : 60 unités ; salade (pièce), concombre (pièce), radis (botte) : 20 unités).

Et parallèlement, lorsque l’on cultive le jardin d’un propriétaire et qu’on lui donne la moitié de la récolte, c’est vraiment faire encore la part belle aux propriétaires et lui payer très cher la location de son terrain…

Serge (SEL Gabare - 33) : « cependant ce raisonnement n’est-il pas « calqué » sur le raisonnement marchand ? »

Elisabeth  : « non si on voit le SEL comme une alternative à l’économie. Et puis n’est ce pas se claquer sur le système marchand justement que de ne pas échanger les légumes au temps réel passé par les jardiniers ? Pourquoi 1 heure = 60 unités SEL ne serait pas valable pour eux ? Idem pour les confitures d’ailleurs : un pot de confiture, ça vaut au moins 50 minutes, et si c’est des mûres en plus - vous avez déjà compté le temps qu’il fallait pour ramasser des mûres pour un pot de confiture ? !!! - Il faut arrêter de marchander et de se plaindre que les confitures sont trop « chères » en unités SEL sur les BLE ! »

Serge  : « Oui mais le SEL actuellement existe bien parce que nous vivons (aussi) avec des euros ».

Suit une longue discussion sur la valeur du travail et de la monnaie…


Les outils de jardinage

Michèle (SEL Nice) : leur SEL a décidé que les personnes qui viennent avec leurs outils donner un coup de main dans les jardins privés auraient 5 € de dédommagement pour une journée pour l’usure des outils.
Prêt d’outils dangereux : le signaler à l’assurance.

Les chantiers festifs

Les chantiers festifs (ou chantiers collectifs) sont utiles pour faire circuler les unités SEL.

Néanmoins cela « plume » parfois celui qui l’organise ! Et cela peut donc décourager certains d’en organiser…Parfois, comme solution, l’organisateur offre un repas en échange du travail ; mais parfois le repas est offert pour compenser l’essence, en plus des unités. Une idée : prévoir à l’avance le temps nécessaire pour ce chantier et partager le total des unités correspondantes entre les participants au prorata de leur temps de présence… Mais il y en a qui « glandent » vraiment, d’autres plus ou moins compétents, mal au dos, etc... Il arrive même que certains n’arrivent que pour le repas !… Ceci dit, dans l’ensemble, les chantiers festifs ont pas mal de succès et se passent plutôt très bien.

Pour dynamiser les échanges (par exemple quand un organisateur de chantier doit donner beaucoup d’unités SEL et n’arrive pas à offrir un service pour se remplumer), une idée est que tous les trimestres, les annonces soient changées (le catalogue).

Christelle (Rennes) : son SEL loue un jardin aux jardins familiaux. Coût de location : 75 €/an pris sur la subvention du SEL. L’eau est récupérée dans une citerne au pied du cabanon ; quand elle est vide, il y a utilisation de l’eau de la ville, sans facturation.

Il y a 7 parcelles et une partie commune. 7 parcelles, parce que 7 personnes ont émis le désir d’avoir une parcelle. Les surfaces des parcelles sont différentes en fonction des besoins.

C’est un espace de convivialité pour tous les selistes (mais il n’y a que les 7 qui ont le code du cadenas). Il y a de quoi cuisiner sur place ; il y a une planche de plantes aromatiques.

Nous avons un squatter qui a planté sa tente ! Ce qui a posé quelques problème.

Brest  : notre SEL s’était associé avec le jardin des chômeurs dont les responsables venaient aux BLE (à défaut d’intérêt pour les membres de l’association de chômeurs eux-mêmes). Lors de surplus de légumes, les selistes pouvaient s’approvisionner aux BLE. Mais finalement les chômeurs n’ont plus voulu échanger.

Colette (SEL Gabare –33) témoigne : son grand-père allait de jardin en jardin pour défricher, planter et récolter la moitié de la production. Elle a un morceau de terrain qu’elle prête de la même manière.

Mireille (Orvault) : projet de cultiver un terrain, à défricher car ronces, chez un ancien agriculteur.

Le but du projet sur ce terrain est l’échange, la production potagère, l’expérimentation de différentes techniques (paillage,...). Dans un second temps l’idée est de mettre en relation les membres habitant en immeuble avec des personnes qui ont des jardins pour cultiver.


Existe-t-il des chartes ?

Christelle a une charte en cours de rédaction, elle sera prête à l’automne.
Voir aussi les Jardins d’Amélie près de Marseille (association qui aide à la création de jardins partagés, collectifs, associatifs, pédagogiques,… Chercher sur Internet)

Il y a aussi l’exemple des Ajoncs cité plus haut.

Qu’a-t-on intérêt à mettre dans un jardin partagé ?

 Pour la simplicité : pommes de terre, oignons, poireaux...

 Selon l’intérêt du groupe : des variétés anciennes.

 Les carottes demandent beaucoup de désherbage.

 Expérimenter : les plantes associées, le mélange légumes/fleurs, la rotation des cultures, le paillage, le BRF (Bois Raméal Fragmenté),...Il existe des sites internet.

Certains SEL font des bourses d’échange de semences et de plants

Les semences ce n’est pas lourd et cela ne coûte pas trop cher à envoyer par la poste : on pourrait créer un réseau d’échange de semences SEL sur la France entière par l’intermédiaire de la liste selidaire-alimentation par exemple (selidaire-alimentation@yahoogroupes.fr)

SYNTHESE – CONSEILS POUR CREER UN JARDIN PARTAGE

Le terrain

Pour trouver un terrain demander à : selistes ; municipalités ; jardins familiaux/ouvriers ; agriculteurs ; personnes âgées ;…

Attention à l’éloignement (ville ou campagne). Clôturer ou non.
Accès à prévoir : vélo, voiture, transports en commun,…

Faire un contrat (bail) clair et précis avec le propriétaire : prêté ou loué, durée,… (Attention : bien voir avec lui s’il acceptera un mode de culture peut être différent de ses idées, par exemple : paillage, engrais vert, terrain enherbé l’hiver,… Voir aussi si le bruit ne le gêne pas, ni le passage de pas mal de monde,… Se méfier d’un terrain en friche qu’on préparerait et qui serait repris ensuite – cela s’est vu…)

Le but

Bien définir le but du jardin : vivrier, récoltes pour ceux qui cultivent ou pour une association caritative (épicerie solidaire), une cantine,… ou bien plutôt jardin expérimental, ou de sensibilisation, pédagogique, ou simplement lieu de convivialité, de détente, de rencontres, de fêtes, …

Prévoir si culture en commun ou découpage en parcelles individuelles avec une partie commune (plantes aromatiques, barbecue,…)

Commencer petit mais prévoir l’agrandissement, laisser un espace de détente.

Faire une charte

Mode d’emploi : accès, clés, partage des dépenses,...

Mode d’agriculture, gestion de l’eau,…

Coordination : planning des présences, listage des compétences, désignation un animateur/coordinateur (ce peut être un roulement),…

Organisation : tableau du plan de cultures, cahier de liaison, semences et outillage (chacun les siens ou achat en commun, dédommagement en euros pour ceux qui amènent les leurs,…),…

Présence d’animaux ou non (poules,...). Partage des récoltes (au prorata du temps passé à cultiver par exemple – faire un cahier de présence)

Ressources :

  Le Réseau du Jardin dans Tous Ses Etats : http://www.jardinons.com/

  Association des Amis des Jardins Ouverts et Néanmoins Clôturés : http://www.ajonc.org/

  Un jardin collectif ? Un jardin pédagogique ? Un jardin familial ? Oui, ça peut être tout ça à la fois !! http://pro.nordnet.fr/jardinons/reseaumedit/meditaccueil.htm

  Liste de discussion sur les expériences de jardins : selidaire-ecologie@yahoogroupes.fr

  Quelques articles sur le site de SEL’idaire, rubrique SEL’idées :
http://selidaire.org/spip/rubrique.php3?id_rubrique=223

  Sauvegarder les semences de variétés anciennes : http://www.kokopelli.fr/

  L’émission Terre à Terre sur France-Culture le samedi de 7h à 8h : http://terreaterre.ww7.be/

  L’émission du jardinier Alain Baraton de France-Inter, le samedi à 7h45 :
http://www.radiofrance.fr/franceinter/chro/lejardin/archives.php

  Sur France 5 : « Silence, ça pousse ! » à 10h30 : http://www.france5.fr/silence-ca-pousse/

  Le BRF (Bois Raméal Fragmenté), technique pleine d’espoir pour l’avenir de l’agriculture, du maraîchage et de la culture de céréale en particulier, avec aggradation spectaculaire des sols (au lieu d’une dégradation). Il s’agit de bois de feuillus d’un diamètre inférieur à 7 cm qui est broyé et étendu sur le sol sur 3 cm. Voir le site : http://www.lesjardinsdebrf.com/

  Voir aussi le numéro 362 de novembre 2008 de S !lence : dossier sur les jardins partagés

  Et un livre : « Les jardins partagés » Editions Terre Vivante 2008 - 23euros

Elisabeth C (SEL Bellocois – 19)